|Alain MANBANCKOU s’élève contre l’éternel lamento des noirs de France ?

L’homme noir devrait arrêter de se complaire dans une certaine forme de lamentation. C’est entre autres idées, une de celles qui transparaissent, du dernier essai de l’écrivain franco congolais ; ou alors comme il aurait préféré, cogolo quelque chose.

Mais s’il est une chose qui paraît évidente, c’est que ce dernier ouvrage : « Le sanglot de l’homme noir » de par son titre déjà, ne peux pas ; ne pas évoquer dans l’imaginaire de l’africain, cette idée, de celui qui n’en finit plus de se plaindre, de se lamenter à longueur de temps, sans jamais réellement oeuvrer pour proposer à sa postérité, une autre image que celle séculaire, qui lui colle, avec pour éternel bouc émissaire, le colon blanc. 

Le cadre ainsi défini, l’auteur s’appliquera à démonter presque tous les clichés qui servent le discours justificatif dont le noir s’emploie facilement à faire usage pour expliquer sa condition.

A cette image là, Alain Manbanckou voudrait substituer, une nouvelle identité du noir, en rupture totale avec son lourd passé historique. Une identité noire ancrée dans le présent, avec si possible une volonté acharnée de se réapproprier son image, pour la façonner au goût des réalités de son environnement actuel, dans lequel il évolue.   

Sur un point de vue général, on ne saurait manquer de penser que le vainqueur du prix Renaudot 2006 ; aura emprunter à Pascal BRUCKNER, son idée sur  la repentance, au nom de laquelle  selon l’auteur de la tyrannie de la pénitence  la France ou l’Occident en général « serait ainsi le débiteur de tout ce qui n’est pas lui, justiciable de tous les procès, condamné à toutes les réparations ».

La prouesse littéraire réalisée par Alain Mabanckou à travers cet essai, sera d’avoir su mettre en exergue cet état d’esprit _la repentance_ plutôt caractéristique des vainqueurs et des puissants, à l’égard de leurs victimes; comme une possible spécificité de ces dernières, lorsqu’elles voudraient en faire une ritournelle de la justification de tous les maux dont ils souffriraient.

Même s’il ne veut pas imputer aux noirs de France, la responsabilité de tous leurs malheurs ; il ne pense pas moins, qu’à force de chercher à rejeter systématiquement sur l’homme blanc la responsabilité de leurs problèmes ; ils ne pourront pas empêcher ce dernier de penser ; que c’est une manière pour les noirs de France, de s’éviter de devoir reconnaître la part de responsabilité qui leur revient dans la situation qui est la leur.

Et à ceux qui voudraient le soupçonner de vouloir renier son passé historique ; le lauréat du prix Renaudot 2006, rétorque qu’à ses enfants « il veut inventer et non faire l’inventaire ».

Et l’invention pour lui se concevrait sous la théorie d’un  existentialisme noir ; « je suis ce que je veux devenir, et peu importe qu’en face, il y ait eu l’esclavage ou la colonisation »

Il n’est pas sûr que ce dernier opus, fasse l’unanimité chez les intellectuels noirs du continent comme de la diaspora, ou des bords de la seine; qui y ont été quelque peu brocardé; mais en publiant cet essai, Alain Manbanckou ne devrait pas non plus ignorer, la polémique à laquelle il donnerait certainement lieu. Et en attendant l'accueil qui serait réservé à son oeuvre, il pourrait se consoler, en espérant comme cela arrive parfois, que la polémique puisse être bénéfique.

Al Tricky !