|De la relativité de la critique !

La critique est fort aisée, et je suis le premier à en avoir conscience. Car à l’œuvre et face à l’ouvrage, il ne fait aucun doute que la difficulté de l’art se manifeste dans toute la complexité de la fonction de l’artiste.

Est-ce pour autant qu’il faille renoncer à porter des critiques ?

Certainement pas !

Si le critique se doit de respecter le cheminement complexe qui conduit à la création ; il ne devrait pas du moins du monde, se passer lorsqu’il en a l’occasion, de porter son regard aussi acerbe soit-il ; sur le résultat du processus de création.

Ce regard lorsqu’il ne s’inscrit pas dans la même optique que le processus créatif de l’artiste, peut lui faire mal et même très mal ; car le plus souvent il est ressenti par ce dernier comme une remise en question de son ouvrage et parfois de toute son œuvre.

Ce regard  quand il s’écarte de l’idée originelle dans laquelle l’artiste à voulu inscrire son œuvre ; reflète  d’une certaine manière ; son incapacité à faire comprendre le message qu’il entendait faire transmettre au travers de celle -ci.

Or que peut valoir une œuvre si elle ne peut transmettre un message, une émotion ?

Quel pourrait en être l’intérêt, si elle ne peut susciter quelque évocation à ceux qui viendront l’admirer ?      

Il est vrai que certains artistes se soucient peu de ce qu’on pourrait dire ou penser de leur création, se contentant de se satisfaire de la seule idée, qu’elle ait pu exister, par leur seule volonté de la créer. Pour ces artistes-là, négatives ou positives, les critiques les laissent de marbre ; l’important étant de s’en tenir à leur philosophie créatrice et peu importe qu’elle reçoive ou non l’agrément de quidam.

Marcel DUCHAMP, en décrétant de faire d’une œuvre d’art, des objets de la vie quotidienne, qu’il modifiait en les détournant de leur fonction initiale et en y apposant son nom, s’inscrit d’une certaine façon dans  cette lignée d’artistes.

Paradoxalement ; c’est cette démarche assez iconoclaste ; qui lui vaudra d’être reconnu ; comme l’un des artistes marquants de l’art contemporain et l’inspirateur de bien des courants artistiques.

Mais des comme DUCHAMP ; il n’en a pas des masses !

Ainsi ce qui nous est coutumier, c’est plutôt l’agacement, ou l’énervement  figé comme un rictus sur le visage de nombre des artistes lorsqu’ils se font  « massacrer » par rapport à l’œuvre dont ils sont venus vanter les mérites.

Et on peut les comprendre, car il n’est d’œuvre qui ne soit chérie par son créateur. Et voir le fruit de sa création intellectuelle ou artistique, dévalorisée par des « crétins » dont le seul mérite serait d’en dire du bien ou plus souvent du mal ; est tout simplement difficile à admettre.

Pourtant, il arrive aussi que l’œuvre se fasse encenser par la critique, il arrive qu’elle soit portée à nue par ces « censeurs de l’intellect » qui vont l’adorer ; la recommander et parfois même la primer.

Mais le comble c’est que même leur quitus acquis ; l’œuvre ne connaît pas pour autant toujours, le succès auquel il était prédestiné ; comme il n’est pas rare aussi, qu’après avoir été « descendue » ; une œuvre s’élève au –delà des critiques, pour rencontrer son public.

Pour curieuse qu’elle puisse paraître, cette constatation démontre bien la relative incidence que peuvent avoir en définitive sur une œuvre, toute critique qu’elle quelle soit.

La conception des uns ; n’est pas forcément celle des autres sur une même chose ; l’important étant de ne jamais, pour quelque raison ; entraver l’expression de l’esprit.

Al Tricky !